Alors que la société Fedimmo a introduit une demande de permis d’urbanisme pour la réalisation de sondages techniques en vue de construire la nouvelle « Cité des finances » de Liège, il est utile de faire le point sur ce dossier qui pourrait avancer rapidement. Tout d’abord, il faut rappeler que la manière dont le projet de Fedimmo a été choisi reste à nos yeux discutable. La procédure retenue par la régie des bâtiments mettait en effet en concurrence non pas plusieurs projets pour un site donné, mais différents promoteurs, ayant chacun retenu un site et un bureau d’architecture. Cette procédure a eu la prévisible et néanmoins regrettable conséquence de reléguer la question architecturale au second plan. Chacun a bien compris, en effet, que la Ville de Liège souhaitait voir cette infrastructure s’implanter sur le site Paradis/Fragnée. C’est donc l’enjeu de la localisation qui a primé sur l’enjeu qualitatif.
Si notre plate-forme reste convaincue que le site de la rue du Plan incliné était — et demeure — le meilleur pour l’implantation de cette infrastructure [1], nous prenons cependant acte du résultat de la procédure menée par la Régie des bâtiments et portons en conséquence notre attention sur le projet dont Fedimmo propose la réalisation, à savoir une tour de 120 mètres en bord de Meuse — qui serait la plus haute de la ville.
Une tour est, par définition, une intervention paysagère très forte : visible de partout, elle modifie de façon conséquente l’univers urbain. Il importe donc qu’elle soit d’une très grande qualité architecturale. En Belgique et ailleurs, de nombreux architectes se sont distingués ces dernières années par leur travail sur les tours. En Belgique, on citera par exemple Xaveer de Geyter, auteurs de tours à Breda aux Pays-Bas [2] ou le bureau 51N4E, qui a remporté le concours de la Tid Tower de Tirana [3]. Notre question est donc : comment, après une procédure qui l’a mis de côté, réintroduire l’enjeu architectural dans le projet des finances ? L’organisation d’un concours d’architecture nous semble s’imposer. Nous demandons à Fedimmo de l’organiser — et aux autorités communales d’oeuvrer dans ce sens.
Ce concours devrait, à notre sens, permettre aux équipes candidates d’envisager la réhabilitation de tout ou partie du bâtiment de Dedoyard (l’immeuble en croix), dont il est utile de rappeler qu’il ne
se situe pas sur l’espace prévu pour l’esplanade. On a déjà eu l’occasion de souligner l’intérêt architectural et patrimonial de cet édifice. Cette option permettrait en outre de faire de substantielles économies : détruire des milliers de mètres carrés de béton en bon état pour les reconstruire à quelques pas a forcément un coût. Une telle hypothèse pourrait enfin rendre à la tour un gabarit plus modeste et, en toute hypothèse, plus proche de celui qui était envisagé par le plan Dethier (75m contre 120m pour le projet de Fedimmo) et qui nous semble plus adapté.
[1] Pour plus de détails, lire nos communiqués précédents sur http://guillemins.be/communiques/