Conférence de presse du 11 avril 2011

Orateurs : Gérard Debraz, Lino Polegato, François Schreuer

Beaucoup de projets sont en cours dans le quartier, et certains d’entre eux ont connu de significatifs développements ces derniers temps. Il nous semble donc utile de faire le point sur l’ensemble du processus, plus d’un an après la dernière conférence de presse de la plate-forme Guillemins.be.

Celle-ci réunit toujours six associations concernées par le devenir du quartier : le Comité de quartier Fragnée-Blonden, le comité de quartier Bornckart et alentours, le Comité des riverains de la gare, l’association des commerçants de la rue des Guillemins (actuellement sans président), le Gracq et urbAgora.

La parcelle de Fedimmo (« tour des finances » et autres développements)

En dépit d’améliorations réelles (en particulier le retrait de la tour par rapport aux habitations de la rue de Fragnée), le projet de Fedimmo, dont l’enquête publique vient de commencer, reste fondamentalement problématique à nos yeux. Nous constatons d’ailleurs qu’il suscite une forte opposition de la part de nombreux riverains qui se disent prêts à aller au Conseil d’Etat. Plutôt que d’en arriver là, nous estimons qu’il est souhaitable de rouvrir un espace de dialogue et de rediscuter du projet dans son ensemble. Ce qui nous semble d’autant plus défendable qu’un remaniement concerté du projet entraînera vraisemblablement moins de retard qu’un recours au Conseil d’Etat, avec tout ce que cela peut entraîner. Nous signalons aussi que, à la différence d’autres projets en cours dans le quartier, le site Fedimmo n’est lié à aucune échéance en lien avec le FEDER. Il ne serait donc pas dramatique de perdre un peu de temps si ça permet de faire émerger un projet de meilleure qualité.

Nous n’avons pas d’opposition de principe à la construction d’une tour, pour autant que le projet soit de qualité. Ce qui est loin d’être le cas à nos yeux. La tour proposée reste très éloignée en qualité de réalisations actuelles dans ce domaine. Le projet actuel reste, de surcroît, extrêmement massif et élevé. Un volume tel que celui proposé dans le projet Dethier est préférable à nos yeux.

Nous craignons que si un permis est délivré pour la tour, Fedimmo rechigne à construire du logement sur le reste de sa parcelle. Nous demandons donc qu’un projet d’ensemble soit présenté par Fedimmo, intégrant du logement le long de l’esplanade – ainsi que s’y est d’ailleurs publiquement engagé l’échevin de l’urbanisme de la Ville de Liège, M. Firket.

Nous faisons valoir l’existence de plusieurs alternatives à la tour de 120 m. La plus évidente nous semble l’installation des finances dans le bâtiment de la rue du Plan incliné (pour l’occupation duquel aucune option sérieuse ne semble avoir été avancée jusqu’à présent, si ce n’est l’hypothèse – très floue en l’état actuel des choses – de voir s’y établir Tecteo). Cette option permettrait de favoriser un projet beaucoup plus mixte sur le plan fonctionnel sur le site Fedimmo.

Mais il est également possible de rénover la tour Dedoyard et de lui adjoindre une tour de dimensions plus modestes que celle qui est actuellement envisagée (c’était d’ailleurs la première proposition faite par Daniel Dethier). L’ensemble pourrait facilement représenter une surface similaire au projet actuel.

Nous demandons donc que le projet soit entièrement revu, sur base d’un concours d’architecture pour l’ensemble du site Fedimmo, qui devra intégrer l’aménagement de l’espace public de l’esplanade.

L’immeuble de la rue du Plan incliné (SNCB)

Le projet nous semble pertinent dans l’ensemble, notamment parce que le site est bien adaptée à la fonction de bureau, parce que la construction de ce bâtiment va créer un écran entre l’autoroute et le quartier et parce que la localisation d’un important ensemble de bureaux à cet endroit est une bonne chose pour l’avenir du commerce de la rue des Guillemins.

Le nombre de places de parking (1240) prévues dans ce projet est cependant trop important à nos yeux, compte tenu de la localisation à proximité immédiate du principal noeud de transport en commun de la région (qui devraient plaider pour une norme de parking plus basse qu’ailleurs). Il faut aussi rappeler que les 720 places de l’actuel parking de la rue du Plan incliné sont censées avoir été remplacées par le parking de la gare (850 places) et que le nombre de places de parking dans le quartier est en augmentation très conséquente ces dernières années.

La volumétrie du projet reste selon nous trop monolithique. Il serait souhaitable de scinder le volume en plusieurs blocs (éventuellement reliés entre eux par des atriums), pour limiter son impact paysager. Il est important de garder une « respiration visuelle » entre la colline et le quartier, et inversement.

La nouvelle mouture de la place des Guillemins

La manière dont le projet a été profondément remanié suite à l’intervention de la SNCB n’est pas acceptable : la Ville s’est en effet pliée, tout simplement, au diktat de la société ferroviaire (qui plus est justifié par des motifs principalement... esthétiques) et annonce à présent le début imminent des travaux sans même prendre le temps de consulter autour de la nouvelle mouture du projet. Compte tenu des délais serrés imposés par le FEDER, le plus sage serait à nos yeux d’en rester au projet initial.

En tout état de cause, la fermeture de la circulation entre le carrefour Serbie/Paradis et la rue de Sclessin, imposée par la SNCB, ne nous semble pas une bonne option : cela va créer une coupure entre les deux parties du quartier. Nous préférons une approche d’ensemble, qui devrait se traduire par un plan de circulation1 pour le quartier réduisant l’emprise globale de la voiture (en cohérence avec le choix de placer le parking et le « dépose-minute » à l’arrière de la gare) sur le quartier tout en maintenant des circulations capillaires nécessaires à la vie quotidienne des habitants.

La création, demandée là encore par la SNCB, d’îlots de verdure sur la place pose la question du statut de cet espace public : en intégrant cette demande, on limite fortement les possibilités d’utiliser cette place qui sera pourtant l’une des plus grandes de Liège.

Enfin, la réduction – de 4 m –de la largeur du trottoir de la rue Paradis (pour dégager la vue devant la gare) est également très discutable.

En tout état de cause, un projet comme celui-ci devrait être rendu public (par exemple sur liege.be), pour permettre une discussion du projet dans le détail. À l’heure actuel, le plan a été brièvement présenté en séance publique, le 29 mars, mais n’a pas été rendu disponible.

L’enjeu du stationnement

Avec les nombreux nouveaux équipements prévus (centre de design, CIAC, densification du logement sur le site Balteau, autour de la nouvelle rue Bovy, etc), il est nécessaire de mettre en place une politique de stationnement intégrée à l’échelle du quartier, notamment pour garantir un stationnement riverains de bonne qualité. Ceci ne sera possible qu’en limitant la pression automobile liée à la gare – et donc en organisant le stationnement lié au chemin de fer le plus possible en amont des déplacements (au plus près possible du domicile des navetteurs plutôt que de façon centralisée dans le quartier des Guillemins).

Quel passage du tram ?

À nos yeux, la meilleure option reste le passage par la rue des Guillemins, en particulier parce que c’est le seul qui permet de placer l’arrêt de tram sous la casquette (et donc à proximité immédiate de la gare). Nous pensons qu’un arrêt de tram dans la rue des Guillemins (Dartois) se justifie, compte tenu de la distance séparant le parvis de la gare du début du boulevard d’Avroy (environ 740 m).

Nous sommes néanmoins prêts à discuter de façon constructive de la possibilité d’un passage par l’avenue Blonden et l’esplanade. Mais nous constatons que si tout est fait, par les autorités, pour imposer ce tracé, celui-ci n’est jamais dessiné dans les esquisses qui nous sont présentées (même sur la place, nouvelle mouture, on ne trouve aucune trace du tram). Il serait pourtant plus qu’utile de pouvoir discuter sur base de tracés concrets, car plusieurs problèmes vont se poser.

En particulier, le passage du tram sur l’esplanade nous semble modifier fortement le statut de l’espace public. Un tracé diagonal à l’esplanade serait calamiteux. Si le tracé via Blonden est décidé, l’hypothèse avancée par Daniel Dethier (passage derrière les immeubles Fedimmo, le long de l’axe Bovy) nous semble devoir être envisagé.

Avenue Blonden, le paysagiste Michel Corajoud a dessiné un ensemble de jardins linéaires entre les deux rangées d’arbres. Qu’en adviendra-t-il en cas de passage du tram (prévu à cet endroit) ?

Enfin, la future station de tram nous semble entrer en conflit avec la station des taxis.

Station des taxis

Ce point semble négligé à l’heure actuelle. L’emplacement proposé pour la station des taxis se heurte à deux problèmes de taille. D’une part, si la fermeture du lien Serbie-Sclessin devait se confirmer, la localisation de la station de taxis s’avérerait particulièrement enclavée et donc peu adaptée à sa fonction. D’autre part, si le tracé du tram par l’esplanade devait être retenu, la courbe du tram passera mécaniquement à l’emplacement prévu pour les taxis.

Nous proposons en conséquence d’installer une/la station de taxis à l’arrière de la gare (côté colline), en lien direct avec l’autoroute.

Aménagement des quais de la Meuse

Le projet prévu par le SPW le long des quais nous semble, dans son ensemble, équilibré et de grande qualité, comme cela a été dit lors de sa présentation, à l’automne dernier. Nous constatons que les remarques que nous formulions dans notre conférence de presse du 10 février 20102 semblent avoir été largement prises en compte et nous nous en félicitons. Nous espérons que le projet ne sera pas dénaturé dans la suite du processus.

Nous souhaiterions toutefois que l’aménagement intègre le pied du Pont de Fragnée (le projet actuel s’arrête curieusement à quelques dizaines de mètres) et soit par la suite rapidement prolongé jusqu’au Val-Benoit, avec un aménagement similaire. Si pour des raisons budgétaires liées à l’enveloppe fermée du FEDER, le SPW n’est pas en mesure de réaliser cet investissement maintenant, nous demandons qu’il le planifie dès à présent et qu’il le programme sur des budgets ordinaires. À cet égard, nous attendons donc un calendrier de sa part, pour éviter comme c’est hélas trop souvent le cas avec cette administration, un report aux calendes grecques.

Passerelle

Nous déplorons la stratégie du black-out employée par le SPW Vois Navigables, que ce soit dans l’organisation de la sélection de l’auteur de projet que dans la communication de ses résultats. La justification avancée en séance publique (les contraintes techniques du projet) nous paraît non pertinente.

Nous invitons donc l’auteur du projet à présenter dès que possible les esquisses de ce premier pont piéton d’envergure à Liège depuis plus d’un demi-siècle – c’est-à-dire s’il s’agit d’un enjeu tout sauf secondaire.

Passage vers le Longdoz

On parle beaucoup d’un « Axe Guillemins-Médiacité ». Il nous semblerait plus intéressant de parler d’un axe vers le Longdoz. Et en conséquence de poursuivre les cheminements piétons et cyclistes vers le coeur du quartier et pas uniquement vers la « piazza » (?) de la Médiacité.

Vélo

Toujours pas d’emplacements de stationnement à l’arrière de la gare (côté colline).

Information du public

Nous nous inquiétons de la torpeur dans laquelle la SDLG nouvelle mouture se trouve manifestement depuis sa constitution il y a déjà deux ans, alors que sa mission vise justement « le développement, la réalisation et l’exploitation de l’espace immobilier définis au périmètre de remembrement urbain ».

Cela étant dit, l’essentiel de l’important travail qui doit être fait dans le quartier doit à notre sens relever de la Ville et non d’une société.

Nous regrettons les conditions très peu idéales dans lesquelles s’est tenue la réunion d’information du 29 mars dernier, où près de 300 personnes s’étaient déplacées : faute d’un nombre suffisant de places assises, un bon tiers de l’assistance a pu rester debout pendant 1h30 (nombreux sont ceux qui sont partis avant la fin), dans un local surchauffé (avec des fenêtres impossibles à ouvrir en raison de leur vétusté), pour la plupart incapables de lire la projection des images sur l’écran en raison de sa petitesse et de la faible qualité du matériel technique, obligés à tendre l’oreille en raison d’une sono mal réglée.

Nous demandons l’établissement d’une structure chargée de coordonner les travaux et d’informer habitants et usagers du quartier.


Postez un commentaire :

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.